Gérard Guillin
Un autre mot sur l’ancienne Abbaye des Sept-Fontaines :
Nous avons évoqué précédemment son histoire en ce qui concerne ses relations avec la communauté villageoise, notamment sa création en 1129 par l’ordre de Prémontré (comme celle de Leffe*) sous l’égide du chanoine Hélie, son premier père-abbé supérieur…
S’il était possible d’y ajouter une idée, ce serait celle du même nom de lieu, situé en Terre-Sainte, tel qu’il figure dans le récit de la pèlerine EGERIE, rédigé vers 380. Selon cette narration, ce nom de lieu (en grec phonétique « heptapégon ») serait celui où le Christ a procédé à la multiplication des pains (Marc VI, 33-44), au N.O. du lac de Tibériade, entre Magdala et Capharnaüm.
Au-delà de toute notion purement hydrologique -au demeurant incontestable au vu de la nature argileuse des terrains rencontrés- voire symbolique en matière de numérologie, il n’est pas interdit de penser, en toute humilité, que les premiers moines-défricheurs, conscients de l’ampleur de leur tâche fondatrice, aient souhaité se placer sous l’invocation d’une promesse d’abondance.
L’avenir semble leur avoir donné raison jusqu’à une période récente ; puisse ce site mémorable retrouver la voie du succès.
Il est à remarquer, dans le même esprit, la quasi-homonyme qu’elle possède avec l’abbaye de Sept-Fons à Diou, dans l’Allier, fondée en 1132, de l’ordre cistercien ; celle-ci est subsidiairement la maison-mère de la toute proche abbaye d’Orval*, elle-même fondée en 1070 et rattachée à l’ordre en 1131 ; détruite en 1793 par des révolutionnaires sedanais commandés par le général Louis Henri Loison (1771-1816), elle fut reconstruire à partir de 1926.
* Preuves de l’imbrication du fait religieux dans notre patrimoine zythologique :
– à Leffe, une brasserie est citée en 1240 ; la création de l’abbaye date de 1152. Il s’agit d’une bière d’abbaye mais non d’une trappiste car elle est fabriquée par des laïcs.
– la célèbre brasserie d’Orval a été créée en 1931.
– et aussi, pour être quasi-exhaustif, celle de Chimay, à Scourmont : l’abbaye a été fondée en 1850, la brasserie, trappiste également, date de 1862.
Certes, nous nous sommes éloignés, égarés peut-être, mais si, pour la bonne bouche, à notre mesure, nous poursuivions l’aventure de nos glorieux aînés ??!!
Une autre abbaye comme la nôtre !
Quelle ne fut pas ma surprise en ce 20 novembre 2020, d’une part de constater l’existence passée d’une abbaye ardennaise à Belval (esprits repris, il s’agit de Belval-Bois-des-Dames, au sud-est du département) et d’autre part qu’il s’agissait d’une maison du même ordre de Prémontré, contemporaine de la nôtre ; fondée dans les années 1120, elle rejoignit l’ordre en 1133. “L’endroit était une dépression où sourdaient les fontaines. Un ruisseau partait dans la forêt, activant un moulin puis ultérieurement une forge”. (Source Wikipédia).
D’étonnement en étonnement, j’appris qu’elle était la mère d’un autre « établissement » nommé également Sept-Fontaines (en Bassigny) et qu’elle était née de la volonté d’Albéron (ou Adalbéron III) de Chiny, évêque de Verdun et fils de Louis 1er, comte de Chiny et frère d’Otton II de Chiny.
C’étaient trop (de coïncidences) pour un seul homme ! En vérité, la pure et simple confirmation de tout ce qui précède, en particulier l’intérêt des communautés monastiques médiévales pour l’eau, sous tous points de vue : alimentaire, énergétique, agricole… ! Mais aussi, bien qu’éloignée, la forte et ancienne présence du comté de Chiny.
Et bien d’autres encore !
Le 4 décembre suivant, la Père Pascal Rodrigue m’informe que d’autres abbayes ardennaises appartiennent à l’ordre de Prémontré. Il s’agit de Saint-Rémi de Laval-Dieu à Monthermé, de Saint-Berthauld-et-Saint-Arnaud à Chaumont-Porcien, mais aussi de Sainte-Marie-Madeleine à Longwé (d’abord Abbaye des Mares à Lametz).
De fil en aiguille, je constate ce
7 décembre que la « galaxie » de l’ordre de Prémontré a compté plus de cent étoiles, la plupart aujourd’hui malheureusement éteintes ou presque.
Par ailleurs, une autre statistique indique que la totalité des Prémontrés de même que la quasi-totalité des Cisterciens du diocèse de Reims étaient ardennais.
Enfin, dans le domaine strictement « comptable », j’observe que « nous » sommes dépassés par Saint-Gilbert et ses Neuffontaines » à Saint-Didier-la-Forêt, dans l’Allier ; il n’en reste pas moins que la référence à l’eau reste constante !
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