Village de Fagnon

Elucubrations Toponymiques

Élucubrations toponymiques ? Divagation ?
La toponymie, autrement dit l’étude (la science ou la connaissance) des noms de lieux nous en apprend beaucoup sur la vie des territoires et de leurs occupants au long des siècles écoulés.
Lors de notre récent résumé relatif à notre église Saint-Nicaise, nous avons évoqué les relations de la paroisse villageoise avec sa « mère » l’abbaye des Septfontaines.*
Telle est l’étude des noms de rues ; parmi ceux de notre village, la plupart sont essentiellement descriptifs : rue Haute, route de Neuville, route de Charleville, de Warnécourt, de Mondigny, etc. La rue du Paradis est à la croisée entre cette catégorie et la suivante car elle a sans aucun doute un fond de vérité historique, il reste à découvrir ! N’oublions pas que le moulin du Paradis était en son temps une dépendance de l’Abbaye.
La seconde typologie est représentée par une seule dénomination, atypique pour le moins : la rue Perpère. Cette curieuse allitération trouve t-elle sa source dans un nom propre ? Rien n’est moins sûr !
C’est là où la relation avec l’abbaye reprend vigueur ; l’idée nous est venue en effet, au vu d’une orthographe ancienne, diphtonguée « Père-Père », de relier à la dite abbaye la désignation de cette artère (aujourd’hui essentielle!), qui fut autrefois une simple ruelle sans riverains bâtis. Nous avons relevé que le village avait vécu sans paroisse propre jusqu’en 1768 ; en conséquence les offices religieux étaient célébrés dans la chapelle puis dans l’église « du bas » par des religieux « du haut » ; ils devaient donc faire le chemin entre les deux édifices, « pedibus-jambus », et le doublonnement onomastique pourrait être une marque d’ironie quant à une claudication éventuelle des révérends-pères desservants ou bien leur déambulation « à la père leu leu ».
Au delà, un presbytère propre au village a été affecté au curé résident, en bordure de la rue Haute depuis la Révolution ; l’actuelle maison OSADZUK. Ensuite, il fut transféré à proximité immédiate de la mairie et, surtout, de l’église, dans la maison bourgeoise des LASCOURS; il s’agit de de notre actuelle école du haut, dénommée plus précisément « classe des petits », et du logement communal. Source : recueil « La mémoire de notre village en photos », Fagnon-Loisirs 2008.

La réalité était tout autre, à la veille de la Révolution, l'abbaye ne comptait plus que sept frères (Abbé SERY)

Que penser de cette hypothèse ? Invention, simple trait d’imagination ? « A défaut de certitudes, on en est réduit à des supputations, à des conjectures » (auteur inconnu trop peu célèbre). Autrement dit, quand on ne sait pas, on imagine, voire on invente ? Le contraire en tout cas reste à prouver…

En marchant, nous aurons plaisir à lever les yeux sur ces rares et intéressants éléments d’architecture situés au carrefour de chaque extrémité de la rue Perpère, tant du côté de la rue des Septfontaines, que de la route de Charleville : de magnifiques pans coupés à rez de chaussée, surmontés d’une trompe, parfois historiée ; il en existe également un exemple significatif au carrefour de la rue des Ecoliers avec la route de Warnécourt.

Quant à leur fonction, nous pensons à l’élargissement du « cône de visibilité » à l’arrivée sur une voie principale. N’en tirons pas argument pour accélérer et manquer de vigilance !

Les demoiselles Mengozzi, aux lendemains de la 2ème guerre mondiale

Le ou la photographe pourrait être Simone Croisy ou Joseph Mengozzi, leur père (de son nom d’artiste, musicien de jazz et compositeur, Jerry MENGO 1911-1979).
Sur la photo ci-dessous, il s’agit de la dépendance de la “Grande Maison”, actuellement domicile de M. Claude CROSSE.

Aquarelle de Jacques Croisy

Nous aurons plaisir pareillement à regarder, avec son arc assez bas et ses piédroits surmontés de colonnettes, cette ancienne porte de l’abbaye elle-même (voir Abbé SERY*) « remontée » dans la façade d’une maison d’habitation, l’histoire ne dit pas à quelle époque.

Nous sommes preneurs de toute indication quant aux autres lieux-dits que sont la Louvière, la Houblonnière, les Jardins de la Cour ou encore la Hamelle, le Mellier, et plus si affinités ; si, pour les premiers le lien semble clair avec la vie paysanne ancienne, il l’est moins pour les suivants.


* L’histoire exhaustive de l’illustre maison de l’ordre de Prémontré figure en détail dans l’ouvrage éponyme signé par l’éminent abbé Jean SERY le 15 août 1968 et publié au premier trimestre 1970.

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Gérard Guillin

Gérard Guillin

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